Nous avons pris connaissance de la convention signée pour l’éducation artistique et culturelle entre Total et le ministère de la Culture. Nous sommes surpris de voir un acteur majeur du CAC40 participer aux choix d’actions à mener dans les domaines de l’Art et de l’Education.
Si certains voudraient y voir l’élan citoyen d’un géant transnational, cette action de communication masque en réalité un scénario que nous avons trop souvent vu se répéter : l’Etat ouvre la porte aux financeurs privés pour tenter d’écrire une histoire publique – privée.
Cette opération de communication offre à Total un nouveau label de moralité et de civisme à bon compte, en même temps qu’il crée un mouvement des plus inquiétants : après l’éducation artistique, la création ? Et bientôt l’enseignement ? La santé ? La justice ?
Nous sommes en colère de voir le ministère permettre qu’une entreprise privée contrôle par le biais de sa fondation le contenu des actions menées, surtout quand cette entreprise a tant de fois démontré son souci de l’intérêt général…
Nous sommes consternés d’assister à une opération de communication d’un géant du pétrole validée par le ministère de la culture qui n’engage plus les moyens nécessaires à sa politique ; une opération qui porte sur 0,013 % des bénéfices du groupe et qui lui ouvre de nouveaux droits à réductions fiscales (2,4 millions sur 4), en sus des millions d’euros déjà récupérés grâce au crédit d’impôts recherche (70 millions) et au crédit d’impôt compétitivité (20 millions).
Les équipes et structures professionnelles fragilisées par les resserrements budgétaires successifs, doivent-elles considérer cet argent comme une manne salutaire leur permettant de mener leurs missions d’intérêt général ?
C’est en établissant un impôt plus juste et équitable pour les particuliers et les entreprises, en stoppant la fuite des bénéfices dans des filiales off-shore, en taxant les transactions financières, comme l’avait promis le Président de la République lorsqu’il n’était que le candidat Hollande, que l’Etat pourra jouer son rôle et garantir équilibre des territoires, justice sociale et démocratie culturelle. Certainement pas en abandonnant ses prérogatives au bénéfice de l’image de transnationales.
Conseil National du Synavi
Février 2014