Nous vous prions de trouver ci-dessous la Lettre ouverte de l’équipe pédagogique du Conservatoire de Paris, adressée le 9 octobre 2013 à Madame Aurélie Filipetti ministre de la culture et de la communication et à la Direction Générale de la Création Artistique.
Pour parvenir ses fins, l’équipe a besoin du soutien du monde chorégraphique dans son entier. Aussi si vous partagez leurs inquiétudes à la lecture de cette lettre, car il s’agit bien de la place de la danse dans la culture, nous vous remercions de bien vouloir signer la pétition, en y accédant par ce lien :
http://www.petitions24.net/atteinte_a_lautonomie_de_la_danse_au_conservatoire_de_paris
Pour toute information complémentaire, vous êtes invités à contacter les représentantes des professeurs : Isabelle Ridez, Silvia Bidegain ou Eliane Mirzabekiantz à l’adresse suivante : equipepedagogique.danse@gmail.com
Merci beaucoup de votre attention et de bien vouloir faire circuler largement l’information.
ATTEINTE A L’AUTONOMIE DE LA DANSE AU CONSERVATOIRE DE PARIS
Monsieur Bruno Mantovani, directeur musicien du Conservatoire de Paris, a décidé d’un changement d’organigramme au sein de l’établissement, qui fait de la direction des études chorégraphiques une sous-direction.
Cette nouvelle dénomination, qui doit être soumise au conseil d’administration du 3 décembre prochain, intervient à peine quelques mois après la procédure de recrutement et la nomination en janvier 2013 de Madame Clairemarie Osta…au poste de directrice des études chorégraphiques ! Ce changement soudain d’organigramme, inédit au sein d’un établissement qui a vu se succéder depuis plus de 20 ans deux directeurs (Quentin Rouiller puis Daniel Agesilas), crée un précédent unique dans l’ensemble national des établissements d’enseignement supérieur en danse sous tutelle ou sous contrôle de l´Etat.
A ce jour, tous sont dotés d’une réelle direction chorégraphique, en titre et en responsabilité.
Malgré la stupéfiante absence de concertation de Monsieur Mantovani avec l’ensemble des services de la direction des études chorégraphiques, sur un tel sujet, et en dépit du désaccord qui lui a été signifié par Madame Clairemarie Osta, nous ne contestons pas pour autant la légalité d’une telle décision. Nous en contestons purement et simplement la légitimité, au nom de
l’atteinte à l’autonomie de la danse que ne manquera pas d’entraîner, quoiqu’on en dise, une telle décision.
Supprimer les titres de directrice et de direction, c’est remettre en cause le statut même de la danse dans sa dimension spécifique au sein du Conservatoire de Paris et plus largement comme art à part entière.
Est-il besoin de rappeler la place de notre établissement de formation dans la dynamique portée par la danse en France depuis des décennies? Faut-il citer le nom de chaque danseur formé au Conservatoire de Paris et aujourd’hui engagé auprès de nombreux chorégraphes de renommée nationale et internationale, ou même moins reconnus mais tout aussi créatifs?
Est-il besoin de rappeler ces liens étroits qui unissent donc notre établissement de formation supérieur en danse au milieu professionnel de la danse ; quel chorégraphe, quel pédagogue n’a pas d’une manière ou d’une autre, consacré de son talent et de son temps à la formation de nos jeunes générations de danseurs? Chacun connait la haute exigence qui est au cœur de l’exercice de la danse et sait combien, malgré la reconnaissance de sa vitalité, les conditions d’existence de l’art chorégraphique restent fragiles. C’est donc le moment de les renforcer plus encore. Maintenir le terme de direction au CNSMDP affirme symboliquement et dans la réalité, la place de la danse aujourd’hui et son indépendance.
Nul besoin que la confiance en la danse soit ébranlée dans son identité et moins encore
s’agissant de la formation de nos jeunes artistes chorégraphiques.
Nul besoin que la danse soit sous-dirigée et moins encore dans un établissement public d’enseignement d’excellence.
La formation en danse au Conservatoire de Paris, ce sont deux cursus distincts en danse classique et en danse contemporaine ainsi que deux cursus en notation du mouvement Benesh et Laban uniques en France. Cela mérite à tout le moins, d’être incarné dans une direction !
En conséquence, pas plus au Conservatoire de Paris que dans tout autre établissement de même nature, habilité à délivrer des diplômes nationaux, nous ne pouvons accepter, sous prétexte de refonte d’organigramme, ce terme de sous-direction qui est une forme régressive de mise sous tutelle de la danse.
Equipe pédagogique
Paris 9 octobre 2013
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