Une possible révolution des mentalités?

Une possible révolution des mentalités?


© Nicola Fioravanti

Le/la chorégraphe: sa place dans la culture aujourd’hui, son devenir…tant de questions se posent.
Ce qui suit est né du questionnement autour de sa formation et de là, la réflexion s’est élargie.

Au-delà et en parallèle à toutes les formations mises en place par l’AFDAS dans le cadre des droits ouverts par son statut d’auteur, ou de salarié, n’y a-t-il pas à envisager un autre type de formation?
N’y aurait-il pas la possibilité de proposer des moments informels où cette formation se ferait sur la base de l’échange d’expérience?
Je sais que l’on m’opposera toujours l’argument que le chorégraphe a déjà tellement à faire (voir le débat sur les 3 métiers du chorégraphe, auxquels s’ajoute bien souvent celui de responsable de compagnie) qu’il n’a plus de temps pour lui. Même sa formation est soumise à une démarche de rentabilité (formations techniques, de communication, administratives) puisqu’il/elle doit être polyvalent.

Mais ce qui lui manque est un espace où il puisse échanger, mûrir, confronter ses réflexions à celles de ses pairs.
Là intervient de nouveau un changement d’attitude. Il prendra du temps, certainement. Il faut donc mettre l’idée en chantier au plus tôt. Les chorégraphes s’isolent trop les uns par rapport aux autres.
De nouveau, ce constat de l’individualisme de la profession!

Mille raisons sont en cause dans cet état de faits mais les chorégraphes ne peuvent pas demander à l’institution d’évoluer si eux-mêmes ne lancent pas de grandes mutations concernant leurs approches professionnelles. Ils veulent devenir plus visibles, être pris en considération. Allons-y!

Une des manières de l’être est de se réunir, de partager des moments de réflexion, de montrer leur engagement et leur détermination à faire changer le regard sur la profession et sur la danse en général.
La danse est si souvent mise en sous-catégorie de la musique… Encore récemment, le CNSMDP en a fait les frais. Le mal a été réparé, semble-t-il, mais ce qui transpire de cette histoire est symptomatique.

Revenons à la formation continue du/de la chorégraphe. Et si le syndicat Chorégraphes Associés devenait ce laboratoire informel où les idées s’échangent, se confrontent, mûrissent, s’élaborent?
Si, en plus des débats et des rencontres que syndicat Chorégraphes Associés met de plus en plus souvent en place, d’autres temps étaient dédiés à l’acte créateur et aux chemins empruntés par le/la chorégraphe?

Questions telles que: le point de départ d’une pièce, le choix de l’espace où elle est destinée à exister, le nombre et les langages artistiques des interprètes, écriture complètement chorégraphique ou écritures de plateau qui s’enlacent…. Bien d’autre thèmes peuvent être abordés, mais sont un peu plus éloignés du sujet qui nous intéresse aujourd’hui: la formation continue.

L’évolution à mettre en chantier est énorme. Il faut que les chorégraphes s’appuient sur une structure qui leur permette ce travail commun. Le syndicat Chorégraphes Associés existe. Il est à la disposition des chorégraphes adhérents. Il représente tous les chorégraphes dans la diversité des esthétiques et des approches. Ceux qui y sont engagés souhaitent de toutes leurs forces que d’autres artistes chorégraphiques les rejoignent.
La maturité des créateurs se traduit aussi par une capacité à déplacer les obstacles, à ne pas subir avec fatalité des frilosités institutionnelles, à faire avancer ce qui leur tient à cœur.

Oui, des outils ont été créés, le CND en est un exemple. Mais il a été mis en place par l’institution!

A nous de nous emparer de notre profession en proposant des approches complémentaires à ce qui existe déjà. Nous sommes les premiers à pouvoir identifier ce qui nous manque, non?
Un premier pas serait déjà d’adhérer au syndicat Chorégraphes Associés toujours plus nombreux. Le nombre fait la force. La reconnaissance de notre poids nous donnerait des arguments pour tous les chantiers à mener.

Isabelle Magnin, membre du Conseil d’Administration de Chorégraphes Associés
Avril 2014

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